Depuis le 1er juillet 2024, une réforme majeure du Diagnostic de Performance Énergétique transforme la donne pour les propriétaires et locataires de petites surfaces. Cette mise à jour, attendue depuis longtemps, corrige une anomalie qui pénalisait injustement les logements de moins de 40 mètres carrés, souvent classés F ou G à tort. Un nouvel outil de simulation est désormais disponible pour évaluer plus précisément la performance énergétique de ces espaces réduits, offrant une seconde chance à près de 140 000 logements jusqu'alors injustement stigmatisés comme passoires thermiques.
Comprendre le nouveau simulateur DPE adapté aux petites surfaces
La réforme du Diagnostic de Performance Énergétique adoptée en juillet 2024 constitue une avancée significative pour tous ceux qui possèdent ou occupent un logement de faible superficie. L'ancienne méthode de calcul, appelée 3CL-DPE 2021, surévaluait systématiquement la consommation énergétique des petits espaces en leur attribuant une part disproportionnée de consommation liée à l'eau chaude sanitaire. Les statistiques révélaient une distorsion flagrante : 34% des logements de moins de 30 mètres carrés et 27% de ceux de moins de 40 mètres carrés se retrouvaient classés F ou G, contre seulement 13% pour les logements dépassant 100 mètres carrés. Cette injustice affectait plus de 140 000 petits logements, représentant ainsi plus de 15% des surfaces de moins de 40 mètres carrés.
Les spécificités du calcul pour les logements de moins de 40 m²
Le nouveau mode de calcul intègre désormais un coefficient de pondération qui reflète plus fidèlement la réalité de la consommation énergétique des petites surfaces. Cette adaptation mathématique prend en compte les contraintes physiques spécifiques aux logements compacts, notamment pour ceux de moins de 15 mètres carrés. Ces espaces restreints présentent un rapport entre surface et enveloppe thermique particulièrement défavorable, rendant les déperditions thermiques difficiles à maîtriser et la régulation thermique peu optimisable. Les seuils de consommation énergétique ont été ajustés de manière progressive tous les 5 mètres carrés. Un exemple concret illustre cette évolution : pour un logement de 30 mètres carrés, le seuil maximal de consommation acceptable passe de 420 à 440 kilowattheures par mètre carré et par an. Cette modification substantielle permet à de nombreux petits logements de basculer vers une catégorie supérieure dans l'échelle énergétique qui s'étend de A à G.
La réforme du DPE et les ajustements de la méthode de calcul
La réforme introduit également le concept de surface de référence, qui remplace l'ancienne notion de surface habitable. Cette nouvelle mesure inclut désormais les vérandas chauffées ainsi que les locaux transformés en pièces à vivre dont la hauteur dépasse 1,80 mètre. Ce changement offre une vision plus complète et réaliste de l'espace réellement utilisé dans le logement. L'arrêté publié le 20 avril au Journal Officiel précise ces nouveaux seuils et constitue le cadre réglementaire de cette transformation. Depuis le 13 février 2024, l'Agence de la transition écologique met à disposition un simulateur en ligne accessible à tous. Cet outil permet aux propriétaires et locataires de vérifier l'amélioration potentielle de leur étiquette énergie en indiquant simplement le numéro de leur DPE actuel, composé de 13 caractères. Une fois la simulation effectuée, il devient possible de télécharger une attestation justifiant officiellement la nouvelle classification énergétique du logement.
Les erreurs fréquentes qui faussent votre diagnostic énergétique
Malgré les améliorations apportées par la réforme, plusieurs pièges peuvent encore compromettre la fiabilité de votre diagnostic énergétique. La précision des données saisies dans le simulateur conditionne directement la pertinence du résultat obtenu. Une erreur dans la mesure de la surface, une omission concernant les équipements de chauffage ou une mauvaise évaluation de l'isolation peuvent entraîner un classement inexact, avec des conséquences potentiellement lourdes sur la mise en location du bien ou sur les travaux à entreprendre. Par ailleurs, les évolutions réglementaires successives peuvent créer de la confusion. En août 2025, un nouvel arrêté publié au Journal Officiel a modifié le coefficient d'énergie primaire de l'électricité, qui passe de 2,3 à 1,9 dans le calcul du DPE. Cette modification technique permettra à 850 000 logements classés F ou G, principalement chauffés à l'électricité, de sortir de ce statut dès le 1er janvier 2026.

Les données à vérifier avant de lancer votre simulation
Avant de recourir au simulateur de l'Ademe, il convient de rassembler et vérifier méticuleusement plusieurs informations cruciales. La surface exacte du logement doit être mesurée selon la nouvelle définition de la surface de référence. Les caractéristiques de l'enveloppe thermique, comprenant l'isolation des murs, la qualité des fenêtres et l'état de la toiture, influencent considérablement le résultat final. Le système de chauffage principal, qu'il s'agisse d'une chaudière, de radiateurs électriques ou d'une pompe à chaleur air-air, doit être identifié avec précision, tout comme le dispositif de production d'eau chaude sanitaire. La ventilation, souvent négligée, constitue également un paramètre déterminant dans l'évaluation énergétique globale. Ces éléments déterminent à la fois la consommation d'énergie exprimée en kilowattheures par mètre carré et par an, et les émissions de gaz à effet de serre mesurées en kilogrammes de CO2 par mètre carré et par an.
L'importance de l'audit énergétique pour valider vos résultats
Si le simulateur en ligne offre une première estimation, seul un diagnostic réalisé par un diagnostiqueur certifié garantit une évaluation officielle et opposable juridiquement. Ce professionnel dispose des compétences techniques et de la certification nécessaire pour produire un document valable auprès des autorités et des futurs locataires ou acquéreurs. L'audit énergétique approfondi permet d'identifier avec précision les points faibles du logement et de hiérarchiser les travaux d'amélioration selon leur efficacité. Depuis le 1er septembre 2025, les nouveaux modèles de rapports DPE comportent un QR code sur leur première page, renvoyant directement vers le diagnostic enregistré sur le site de l'Ademe. Cette innovation renforce la traçabilité et la transparence du dispositif. Un arrêté publié au Journal officiel le 28 juillet 2025 intensifie d'ailleurs la lutte contre les fraudes au DPE. À partir du 1er octobre 2025, tout diagnostiqueur ayant réalisé plus de 1 000 DPE de logements individuels ou appartements sur 12 mois sera automatiquement suspendu, garantissant ainsi la fiabilité et la qualité des diagnostics produits.
Impact du DPE sur la location et la valeur des petites surfaces
La classification énergétique d'un logement influence directement sa valeur sur le marché locatif et sa capacité à être légalement loué. Un bon classement DPE augmente considérablement l'attractivité d'une petite surface et garantit aux occupants des factures d'énergie raisonnables, argument devenu décisif dans le contexte actuel de hausse des coûts énergétiques. La nouvelle réglementation a provoqué un changement de DPE pour 140 000 logements, entraînant une augmentation moyenne de 15% de leur valeur locative. Certains biens ont ainsi pu passer du DPE G au DPE F, prolongeant leur présence sur le marché locatif et évitant à leurs propriétaires l'interdiction de louer. Cette amélioration s'avère d'autant plus cruciale que les contraintes réglementaires se durcissent progressivement. Les logements classés G sont interdits à la location depuis le 1er janvier 2025, et ceux classés F le seront à compter du 1er janvier 2028.
Les nouvelles obligations pour les propriétaires face aux passoires thermiques
Les passoires énergétiques, correspondant aux lettres F et G avec une consommation supérieure à 330 kilowattheures par mètre carré et par an et des émissions dépassant 70 kilogrammes de CO2 par mètre carré, font désormais l'objet d'un gel des loyers. Les propriétaires ne peuvent plus augmenter le montant du loyer tant que des travaux d'amélioration énergétique n'ont pas été réalisés. L'obligation de réaliser ces travaux pour les biens classés G devient effective au moment du renouvellement du bail après le 1er janvier 2025. Toutefois, la réglementation prévoit certains aménagements : l'interdiction de louer est suspendue pendant deux ans pour les copropriétés lançant des travaux d'amélioration énergétique collective. Pour louer légalement un logement en 2025, celui-ci doit obligatoirement obtenir une note DPE supérieure à G, soit une consommation inférieure à 420 kilowattheures par mètre carré et par an et des émissions inférieures à 100 kilogrammes de CO2 équivalent par mètre carré et par an. La surface minimum pour réaliser un DPE est fixée à 9 mètres carrés.
Les travaux de rénovation prioritaires selon votre classe énergétique
Face à ces contraintes réglementaires, les propriétaires doivent identifier les interventions les plus efficaces pour améliorer leur classement énergétique. Pour les petites surfaces, l'isolation thermique constitue la priorité absolue, particulièrement l'isolation des murs qui réduit considérablement les déperditions de chaleur. Le remplacement des fenêtres par des modèles à double ou triple vitrage représente également un investissement stratégique offrant un excellent retour sur amélioration énergétique. L'installation d'une pompe à chaleur air-air peut transformer radicalement les performances d'un petit logement chauffé à l'électricité, tout en bénéficiant des nouveaux coefficients de calcul plus favorables. La mise en place d'une ventilation efficace complète ce triptyque d'interventions essentielles. Le nouveau DPE évalue mieux les performances des petites surfaces rénovées, offrant la possibilité de gagner jusqu'à deux classes énergétiques après travaux. Des aides financières substantielles accompagnent ces investissements, notamment la Prime Énergie CEE et MaPrimeRénov', qui peuvent ensemble offrir jusqu'à 16 000 euros de financement. À partir du 1er janvier 2026, il sera possible de télécharger gratuitement une attestation officielle de changement d'étiquette énergétique, facilitant la valorisation immédiate des efforts consentis. L'obligation de réaliser un DPE avant travaux, initialement prévue plus tôt, a été reportée au 1er janvier 2027, laissant aux propriétaires le temps de planifier leurs interventions.





